Vous
avez sûrement déjà dû entendre parler de la célèbre bande à
Bonnot qui a déchaîné la presse et le pays entre 1911 et
1912.
Jules Bonnot est
un anarchiste français qui aurait découvert sa passion des armes
lors de son service militaire1.
Afin d'aller au bout de ses idées, il recherche de l'aide auprès
des sympathisants du journal l'Anarchie. Ainsi se forme la
bande à Bonnot dont les membres principaux sont
Raymond Callemin appelé aussi Raymond-la-science,
Octave Garnier, René Valet, Soudy et Monier.
Jules Bonnot serait naturellement devenu le chef dû à son
âge. Il était en effet plus vieux que ses camarades.
Avant de relater les faits qui ont eu lieu dans notre chère région, rappelons que la bande à Bonnot n'en était pas à leur coup d'essai. Elle est en effet déjà connue pour contrebande d'alcool et multiples agressions, meurtres et braquages en tout genre, mais réussit à fuir la police à plusieurs reprises. Elle est par ailleurs très provocatrice envers l'autorité. Voici par exemple une lettre d'Octave Garnier publiée dans le journal Le Matin :
« Votre incapacité pour le noble métier que vous exercez est si évidente qu'il me prit l'envie, il y a quelques jours, de me présenter dans vos bureaux pour vous donner quelques renseignements complémentaires et redresser quelques erreurs voulues ou non. »2.
Le
21 décembre 1911, la Société Générale du XVIIIe arrondissement
de Paris subit le hold-up de Jules Bonnot et sa
bande. Mais mécontents de leur butin peu élevé, ils continuent
leur cavale jusqu'à leur prochaine cible. Fait rare pour l'époque,
les bandits utilisent la voiture, dont une De Dion-Bouton, qui
ne facilite pas le travail de la police, se déplaçant surtout en
vélo ou à cheval. Autre anecdote intéressante : la bande
à Bonnot serait la première à utiliser un chalumeau pour
percer les coffre-forts3.
Le
25 mars 1912, Bonnot et ses
camarades Garnier, Callemin, Monier, Valet
et Soudy tentent un nouveau braquage à la Société
Générale. Cette fois c'est celle de Chantilly qui en est victime.
Deux employés sont blessés, deux autres sont tués4,
l'opinion publique se déchaîne. Les bandits s'enfuient avec un
butin bien plus élevé d'environ 50 000 francs et ils se retrouvent
à la Une du journal Excelsior. On parle désormais
d'affaire d'Etat et des budgets spéciaux sont débloqués
afin de permettre à la police de les arrêter.
La
cavale continue jusqu'à l'arrestation progressive des membres de la
bande : Soudy, Callemin puis Monier. Bonnot, de
son côté, fait une nouvelle victime dans la Sûreté Nationale. Le sous-chef, Louis-François Jouin, est assassiné alors qu'il souhaite effectuer une perquisition au Petit-Ivry, accompagné de l'inspecteur principal Colmar. Jules Bonnot est présent à l'étage et abat Jouin à coup de revolver. Colmar quant à lui ressort blessé de cette attaque surprise. Lui aussi blessé, Bonnot se rend dans une pharmacie avec une excuse bien ficelée mais le pharmacien le reconnaît et le dénonce.
A la fin du mois d'avril 1912, Jules Bonnot est retrouvé
au « Nid Rouge », à Choisy-le-Roi, où il est
hébergé. La police reste sur place jusqu'à ce que commence la
fusillade qui délivrera la France de Jules Bonnot. De la
dynamite finit par le blesser grièvement, Bonnot résiste
mais se fait arrêter. Il est transporté à l'hôpital et meurt peu
de temps après, le 28 avril 1912.
Le
reste de la bande encore en liberté, à savoir Garnier et
Valet, sont tués à Nogent-sur-Marne après de nouveau une
longue fusillade.
Les membres auparavant arrêtés ainsi que ceux qui les ont aidés sont jugés au tribunal un an plus tard, en février 1913. Soudy, Callemin, Monier et Dieudonné (que je n'ai pas évoqué mais qui fut un élément important) notamment sont condamnés à mort tandis que les autres reçoivent soit une peine de prison, soit des travaux forcés.
« Le procès était terminé.
La Société était vengée. »5
Le
saviez-vous ? Les brigades régionales de police aussi
appelées « Brigades du Tigre », créées par
Georges Clemenceau en 1907, sont des brigades de police
mobile équipées de voitures notamment de la fameuse De Dion-Bouton.
Elles ont contribué à l'arrestation de la bande à Bonnot6.
2Article
« Une lettre de Garnier », journal Le Matin, publié
le jeudi 21 mars 1912. Source : Gallica, BnF
4Selon
l'article du Parisien, "A Chantilly, le dernier hold-up de la bande à Bonnot", rédigé le 20 août 1998
6Selon
l'article "Histoire
de la police judiciaire" du
site www.police-nationale.interieur.gouv.fr
Voir aussi: Rapport... / Conseil municipal de Paris, 1913, p.139 (BnF)
Voir aussi: Rapport... / Conseil municipal de Paris, 1913, p.139 (BnF)
Psss... Juste pour information, l'association a accueilli quatre nouveaux membres pour cette année 2018-2019...