Les
jeudi 8 et vendredi 9 novembre 2018, dans le contexte du centenaire
de la Grande Guerre, un colloque s'est tenu aux Archives
départementales de la Somme, sur le thème suivant :
« Commémorer la Grande Guerre hier et aujourd'hui ».
Les
étudiants du Master ont été invités à écouter les interventions
du vendredi 9 novembre. En effet, cette journée était davantage
consacrée aux sources archivistiques, et plus particulièrement à
la manière de les collecter, de les traiter et de les diffuser.
Les
interventions du vendredi étaient divisées en deux parties, à
savoir « Commémorations officielles et institutionnelles »
et « Monuments au morts : les ériger, s'en servir ».
Durant la première partie, il y a eu quatre interventions dont celles de Xavier Daugy, Elise Bourgeois, remplaçant Jean-Louis Piot -du Conseil départemental de la Somme, Jean-Michel Schill et Ludovic Klawinski, tous les quatre travaillant aux
Archives départementales de la Somme. Durant la deuxième partie, le
groupe qui est intervenu dans un premier temps était constitué d'Elise
Bourgeois, Morgan Mazurier, Aurélien Chapolard et ses élèves de la
section internationale du Lycée Robert de Luzarches d'Amiens.
Ensuite, ce fut au tour de Jean-Paul Vasseur, lecteur et usager des
archives, d'intervenir. Cette journée se terminait à la
Cathédrale d'Amiens avec Aurélien André.
Commémorations officielles et institutionnelles
Intervention de Xavier Daugy - « Se souvenir de la Grande Guerre : les sources relatives aux commémorations et visites officielles aux Archives de la Somme de 1918 à 1968 »
Xavier
Daugy a permis une rétrospection à travers les différentes sources
archivistiques dont les Archives départementales de la Somme
disposent. En effet, la Grande Guerre a laissé derrière elle de
nombreux documents d'ordre public, privé, religieux, laïc, local et
international.
La cote KZ2571 relative aux plaques et monuments commémoratifs est sûrement la plus représentative. De manière plus générale, les séries M (administration générale et économie), R (affaires militaires, organismes de temps de guerre), T (enseignement, affaires culturelles, sports), Z (sous-préfectures), Fi (fonds iconographiques), W (archives contemporaines), DA (archives diocésaines) ainsi que le fonds Duchaussoy coté en sous-série 14 J, la presse etc, contiennent des documents en lien avec la Grande Guerre. Le nombre de sources est effectivement très important et les supports variés (documents papiers, cartes postales, plaques de verre, photographies etc).
La cote KZ2571 relative aux plaques et monuments commémoratifs est sûrement la plus représentative. De manière plus générale, les séries M (administration générale et économie), R (affaires militaires, organismes de temps de guerre), T (enseignement, affaires culturelles, sports), Z (sous-préfectures), Fi (fonds iconographiques), W (archives contemporaines), DA (archives diocésaines) ainsi que le fonds Duchaussoy coté en sous-série 14 J, la presse etc, contiennent des documents en lien avec la Grande Guerre. Le nombre de sources est effectivement très important et les supports variés (documents papiers, cartes postales, plaques de verre, photographies etc).
Intervention d'Elise Bourgeois - « La commémoration institutionnelle du Conseil départemental de la Somme : livret mémoire pour les collégiens au classement à l'UNESCO des sites de la Grande Guerre »
Deux
projets ont été lancés afin de commémorer et préserver la
Grande Guerre et ses sites. Ainsi le Conseil départemental de la
Somme a édité un livret pédagogique intitulé La Somme dans la
Première Guerre mondiale, rédigé par des spécialistes, des
archivistes, des chercheurs et des professeurs, et destiné aux
collégiens, plus particulièrement aux élèves de 3ème. Leur objectif
est de rappeler la réalité du conflit, de présenter les différents
enjeux liés à cette guerre et plus précisément de sensibiliser la
nouvelle génération pour perpétuer la mémoire de tous les acteurs
de la Grande Guerre.
Le
second projet, qui concerne l'UNESCO et la préservation des sites et
lieux de mémoire de la Grande Guerre, a été déposé en janvier
2017. C'est un enjeu à la fois économique, touristique et mémorial.
En effet, ces sites sont essentiels, ils représentent
notamment un nouveau culte des disparus. Chaque combattant qui a
perdu la vie durant cette guerre est honoré individuellement, peu
importe sa nationalité, son ethnie, sa religion ou sa catégorie
sociale. Un comité scientifique international a donc procédé à
une sélection des sites, à la fois pour leur authenticité et leur
caractère exceptionnel.
L'engagement
a été important du côté du Conseil départemental de la Somme
mais aussi du côté des partenariats avec les communes, les
intercommunalités, les offices de tourisme, les musées etc.
Elise
Bourgeois a terminé son intervention sur l'impact que ce projet a eu
dans le département de la Somme. Effectivement, la retombée
économique a été remarquable, il y a eu une hausse des visiteurs
et des réseaux se sont créés avec d'autres sites. Plus
généralement, 139 lieux de mémoire ont été sélectionnés dont
11 dans la Somme.
Intervention de Jean-Michel Schill - « Préparer le centenaire de la Grande Guerre : le guide des sources sur la Première Guerre mondiale aux Archives de la Somme »
Avec
l'intervention de Jean-Michel Schill nous entrons au cœur de la
constitution du corpus documentaire. En effet, il a expliqué le
travail effectué pour la rédaction d'un guide des sources sur la
Grande Guerre à partir des archives du service départemental de la
Somme. A plusieurs reprises ce guide a été réalisé puis
interrompu avant d'être repris en 2015 dans le cadre du projet
mémorial. Il recense tous les fonds concernant la Première Guerre
mondiale, de 1914 à 1918, mais aussi des documents postérieurs.
Jean-Michel Schill a fait remarquer les différentes difficultés
rencontrées lors de la rédaction, par exemple le classement des archives qui
n'était pas forcément optimal. Il fallait en effet revoir les
intitulés, les analyses ainsi que la répartition des documents. Il
fallait également prendre en compte le caractère provisoire de
certaines cotes. Afin de faciliter leur travail, toutes les données
sélectionnées ont été transférées dans un tableau qui listait
donc ce qui allait potentiellement se trouver dans le guide. Ce dernier a été
rédigé dans l'ordre du cadre de classement des Archives
départementales de la Somme. Le travail réalisé a été colossal puisqu'il compte actuellement 249 pages, deux tables des matières dont une détaillée avec les sept niveaux de classement, et une recherche en plein texte possible. De plus, comme le guide des sources peut
être remis à jour, il n'a pour le moment pas de publication papier.
Intervention de Ludovic Klawinski - « Collecter, numériser et diffuser pour commémorer : les dons de mémoire et le grand mémorial »
Cette
intervention portait sur les dons de mémoire de la Somme qui
sont à l'origine de la Grande Collecte.
L'objectif était de récolter un certain nombre de témoignages et
d'archives privées en rapport avec la Grande Guerre, et ce, auprès
de tout individu susceptible d'avoir des documents ou objets. Les
archives étaient soit remises en tant que dons aux Archives départementales, soit
numérisées lorsque les personnes ne souhaitaient pas se séparer de
leurs documents.
En
2011, les Archives départementales de la Somme se sont lancées dans
une nouvelle réflexion : comment allier les
pratiques archivistiques, la mémoire et la collecte dans un contexte de démocratisation culturelle avec la montée
d'Internet et la multiplication des demandes. Le premier projet, en
novembre 2012, était une phase test de collecte d'archives privées
sur la Grande Guerre. L'objectif était d'impliquer les citoyens,
dans un travail de mémoire partagée. Ce type de projet insiste sur
l'histoire personnelle et familiale, dans le cadre de la guerre, ce
qui permet de mettre davantage le document en valeur en le contextualisant par le témoignage. En juin puis en novembre 2013, la collecte s'est
effectuée de nouveau et s'est plus largement diffusée. Une
vingtaine de personnes s'est mobilisée aux Archives départementales
de la Somme pour accueillir les contributeurs. Ce travail a demandé
beaucoup de moyens matériels, notamment pour les salles
réquisitionnées pour l'accueil des témoignages, mais aussi pour
les boîtes d'archives utilisées. Des liens plutôt forts se sont développés
avec les contributeurs et des documents inédits ont été collectés.
Ce contact est essentiel pour la réutilisation de ces archives.
Au
total, on compte 230 contributions dont 10 contributions en 2012,
puis 43 en juin 2013 et, enfin, 64 contributions en novembre 2013. On
note également 45 000 vues numériques et 80 contributions en ligne.
Monuments aux morts : les ériger, s'en servir
Interventions d'Elise Bourgeois, de Morgan Mazurier, d'Aurélien Chapolard et des élèves de la section internationale du Lycée Robert de Luzarches – « Comment ériger un monument aux morts : exemple de Cantigny »
Le
professeur de Géographie Aurélien Chapolard et trois de ses élèves
sont intervenus sur leur travail collaboratif avec le service
éducatif des Archives départementales de la Somme et plus
précisément avec Elise Bourgeois et Morgan Mazurier. Leur projet
avait pour objectif de commémorer le centenaire de la bataille de
Cantigny par le biais d'une exposition centrée sur les soldats américains. Ce type de projet pédagogique
permet aux élèves d'être acteur et médiateur de l'Histoire, tout
en s'informant sur la réalité du conflit et la façon d'ériger un monument aux morts.
Les élèves ont constaté les difficultés pour organiser une exposition aussi conséquente en
terme d'informations et de sources. Leur tâche première était de
se mettre dans la peau d'un historien avec un esprit critique mais
aussi dans celle d'un archiviste afin de décortiquer les nombreuses
sources d'archives disponibles aux Archives départementales de la
Somme. Pour des raisons budgétaires, la classe n'a pas pu se rendre
à Cantigny pour leurs recherches. Ainsi, ils ont dû se plier
aux règles strictes des Archives pour manipuler les documents et se
sont découverts de véritables talents de détective.
Elise
Bourgeois a fait aussi remarquer le travail considérable qu'une exposition
comme celle-ci demande, avec une difficulté supplémentaire qui
était la langue. En effet, les élèves de la section internationale
ne discutaient qu'en anglais durant leurs séances de travail et les
panneaux exposés ont été rédigés en anglais ainsi qu'en
français.
Intervention de Jean-Paul Vasseur - « Restituer la mémoire, expérience d'un lecteur des Archives de la Somme »
Cette
dernière intervention, tout en émotion, était celle d'un lecteur
et usager des Archives de la Somme. Son travail exceptionnel consiste
à restituer la vie des soldats de la Grande Guerre afin de leur rendre hommage et de continuer à les faire vivre à travers les
années.
Il
commence ses recherches par des détails puis s'organise selon les
thèmes suivants : la vie civile du soldat, sa vie militaire
puis ce qu'il appelle « les mémoires de pierre ».
Aucun
dossier ne se ressemble puisqu'il représente une vie avec son
caractère individuel. Ainsi, les premières choses qu'il affiche sur le
dossier sont le nom du soldat et une illustration dont le choix est
influencé par un détail de la vie du soldat.
Le
chapitre sur sa vie civile part de la naissance de l'homme, passe par
sa famille, son mariage, ses enfants et son épouse, mais également
par son métier et son service militaire. Jean-Paul Vasseur ne se
contente pas de rédiger une succession de dates. Il réécrit le
plus brièvement possible, sans pour autant que ce soit parcellaire,
la vie du soldat avec ses moments forts mais aussi ses instants plus anodins.
Le
chapitre sur sa vie militaire présente, de façon la plus précise possible, aux lecteurs ce qu'il a pu
voir durant la Première Guerre mondiale. Il contextualise et décrit des moments vécus pendant
l'engagement du soldat.
Enfin,
le chapitre sur « les mémoires de pierre » se situe
après la mort du soldat et a pour sujet ses décorations, sa plaque
commémorative, sa sépulture -élément d'autant plus important
lorsque la famille du soldat ne connaît pas le lieu où il est
enterré. Outre la valorisation des nombreuses sources sur la Première Guerre mondiale, il permet également à certains soldats fusillés "pour l'exemple" d'être réhabilités dans la mémoire collective.
Le
travail de Jean-Paul Vasseur appartient par la suite à la famille, à
la commune de naissance et de résidence du soldat, mais aussi à
l'Histoire.
Déplacement à la cathédrale d'Amiens
Intervention d'Aurélien André - « Les monuments commémoratifs de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens »
La
visite a été introduite par le rôle significatif de la cathédrale
d'Amiens durant la Première Guerre mondiale. C'est en effet un
symbole religieux fort pour le nord de la France. Aurélien André
nous a présenté quelques photographies du Maréchal Foch sur le parvis de la
cathédrale d'Amiens et a évoqué la célèbre photographie de la
cathédrale barricadée pour la protéger.
Il
existe différents monuments commémoratifs au sein de la cathédrale. Nous y trouvons des plaques commémoratives pour des
cérémonies plus ou moins importantes -jusqu'à 6000 personnes
étaient présentes dans la cathédrale pour l'inauguration de ces
plaques. Nous pouvons voir également une plaque, non pas pour un pays, mais pour un
soldat britannique: Raymond Asquith. Il était le fils du premier ministre britannique de l'époque et a
été tué sur le front de la Somme le 15 septembre 1916.
Un autre site commémoratif important est présent à la cathédrale. Dans la chapelle des alliés apparaissent tous
les drapeaux des forces alliées dont très peu sont encore d'origine. Toutefois, nous pouvons citer le drapeau de l'Union Jack. Notons
que très récemment l'Île de Terre-Neuve a remis un nouveau drapeau
qui devrait être prochainement accroché dans la chapelle des
alliés.
Les membres du bureau de Picarchives ont été heureux de constater tout le travail effectué dans la région et l'engagement remarquable de celle-ci à l'occasion de ce centenaire.
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